CAT IN A HARNESS

Scroll pour découvrir cette série de 8 Polaroïds et poèmes, en anglais et français, qui retrace une exploration intime, émotionnelle et sexuelle.

Scroll to discover this series of 8 polaroids and poems, in English and French, that retraces an intimate, emotional and sexual exploration.


 

Un Chat et son harnais

A Cat in a Harness

 

Au début, l’art de se découvrir, si tant est qu’on le fait avec honnêteté, est à peine facile.

At first the art of discovering oneself, if done with honesty, is hardly easy.

 

Comme en marchant dans une maison pour y apprendre chaque crépitement, nuance, senteur, texture, température, tous les recoins du corps peuvent être (re)découverts—(ré)habités. Touche-les, cartographie-les, goûte-les – ce qu’il y a d’âcre, de doux – et prends-en soin avec attention.

Like walking around a house to learn each creak, shade, scent, texture, temperature, all the recesses of the body can be (re)discovered—(re)inhabited. Touch them, map them, taste them – the rank, the sweet – and tend them with care.

 

Tout le monde te regarde, à quatre pattes, sale chat de gouttière, et croit que tu cherches de l’aide. Alors que c’est le monde qui crèvent d’envie—s’efforce à trouver ton être impertinent indompté monstrueux.

Everyone looks at you, on all fours, filthy stray cat, and thinks that you’re looking for help. When it’s the world that craves—strives to find your unapologetic untamed monstrous self.

 

Une fois à l’intérieur, tu écartes tes cuisses. Leur salive – toutes sortes – recouvre encore ta chair. Tu la fixes. Fine mue de seconde peau. Tu sors ta langue, mais elle n’atteint rien. Elle pend, s’assèche pendant que tu inhales le peu de goût qui s’évapore.

Once inside, you spread your thighs. Their spit – all kinds – still covers your flesh. You stare at it. Thin shed of second skin. You stick your tongue out, but it reaches nothing. It hangs, dries out while you inhale the little taste that evaporates.

 

L’odeur s’est estompée. Toujours hors d’atteinte, tu te demandes si ta salive peut glisser comme la leur, conquérir tes surfaces, couvrir ce qui a été couvert. Recouvrir. Comme une araignée, tes filets de bave sont de nouvelles peaux.

The smell has faded. Still out of reach, you wonder if your spit can spill as theirs did, conquer your surfaces, cover what’s been covered. Recover. Like a spider, you drool threads that wrap in new skins.

 

Une nouvelle odeur—qui ne vient pas de l’effort transpiré, quoiqu’aussi, mais de la bave. Elle a montré tes faces cachées. Plus brutes, impulsives. T’aimes ça. Tu craches sur ta main, ton épaule, nettoies à coups de langue. Aisselle, pied, jungle de poils humides, salés, âcres, tu grognes.

A new smell—not from the effort you’ve sweat, though that too, but the spit. It’s shown your hidden parts. Rougher, impulsive parts. You like it. You spit on your hand, your shoulder, you lick it off. Armpit, foot, jungle of moist hair, salty, rank, you grunt.

 

Dans la décharge, tu te retrouves brièvement ailleurs. Tu te regardes. Tu regardes vraiment. Stupéfait, comme ébloui par les phares, tu vois noir sur blanc la peur et la joie, la joie et la peur qui t’attendent.

In the release, you find yourself briefly elsewhere. You look at yourself. You really look. Astonished, as if caught in headlights, you see black on white the fear and the joy, the joy and the fear ahead of you.